Dijon académie apprenante, pour l’école de la confiance

Pour que le projet académique soit utile à tous, j’ai souhaité lancer une large consultation pour le bâtir.

En une année, près de 3 000 personnes, élèves, parents, personnels de l’éducation nationale, élus locaux ou partenaires de l’école ont contribué lors de rencontres ou à travers une consultation numérique, souvent avec enthousiasme, à l’élaboration de près de 380 propositions pour l’académie.

Qu’ils en soient chaleureusement remerciés. Forts de leurs propositions et de leurs constats, nous allons pouvoir construire ensemble des chemins éducatifs adaptés aux situations territoriales, avec l’appui des porteurs d’idées qui voudront bien, j’en suis certaine, contribuer à mettre en acte ces propositions.

Avant de vous présenter les axes détaillés du projet, cette introduction pose les objectifs et les valeurs, qui nous guideront dans notre action tout au long de ces cinq années, de 2018 à 2022.

VALEURS OBJECTIFS ET REPERES

Ce projet académique s’appuie sur une conviction profonde : chaque enfant, chaque adolescent, chaque adulte, quels que soient son milieu d’origine et son histoire de vie peut apprendre et progresser vers un avenir épanouissant qu’il aura en grande partie choisi.

Nous avons symbolisé cette conviction par le positionnement d’une valeur et d’une finalité sur notre boussole :

  • Le respect est notre point de départ. Nous respectons inconditionnellement chaque enfant, chaque apprenant, en tant que personne capable de progresser et nous veillons à lui communiquer ce respect pour qu’il ou elle construise sa propre confiance en soi et croit en ses capacités à progresser.

  • Les excellences sont notre cap. Nous voulons signifier par-là, que nous sommes très ambitieux pour nos élèves et que toutes les réussites se valent. Nous veillons à autoriser chaque élève ou apprenant à se donner des objectifs qui correspondent à sa personnalité et à ses rêves.

Notre objectif pour les élèves est double : les amener à la réussite, mais également à l’épanouissement, afin que chacun trouve la place qui lui conviendra pour faire avancer notre pays, afin que tous soient capables d’exercer leur raison pour s’orienter dans la vie, mais aussi d’écouter leur cœur pour savoir ce qui les rend heureux et pour contribuer au bonheur des autres.

Cette ambition s’applique aussi aux adultes que nous accompagnons dans un parcours vers l’insertion ou dans le cadre de la sécurisation de leur parcours professionnel. Par sa mission « Formation Tout au Long de la Vie », l’Education nationale répond au besoin d’accompagnement social et économique de nos territoires.

Ces visées imposent qu’on ne se limite pas à l’exigence pour aller vers la maîtrise des compétences fondamentales par tous, mais que la bienveillance soit également activée pour persuader chacun qu’il a sa place, qu’il peut y arriver et qu’on l’accompagnera.

Ainsi, ce sont trois couples de repères, qui pourraient sembler antinomiques, et que nous devons mettre en tension comme des extenseurs sur lesquels il convient de tirer harmonieusement, de manière coordonnée et symétrique pour prendre chacune de nos décisions.

– L’exigence impose de demander à chacun des efforts pour réussir sans jamais baisser le niveau ; la bienveillance consiste à accompagner et rassurer chaque élève quant à ses possibilités.

– La différenciation permet de s’adresser à chacun dans sa singularité ; l’égalité nous rappelle notre caractère national et doit nous servir de repère pour veiller à ce que chaque élève ait accès à toutes les ressources nécessaires à sa réussite.

– L’autonomie est la finalité de l’éducation, et doit être poursuivie par un accompagnement de chaque instant, adapté à la maturité de chacun, afin de s’assurer de ne laisser personne au bord du chemin.

Notre boussole est donc munie de ces trois couples de repères, ce qui permet à chaque acteur de l’académie, au moment de chaque décision, de se reporter à cette boussole, qui comprend donc huit valeurs, et de se demander s’il prend bien en compte tous ces éléments.

Cette boussole de la prise de décision, peut aussi être le support de dialogue avec ses collègues pour réfléchir ensemble à comment mener des actions qui conduisent à respecter ces repères pour l’atteinte de nos objectifs.

UN PROJET ACADEMIQUE, POUR QUOI FAIRE ?

Notre pays est confronté à de grands défis éducatifs : nos élèves n’apprennent pas aussi bien et autant de choses que nous le souhaitons pour eux. S’il fallait un seul chiffre pour s’en persuader, je prendrais celui de l’illettrisme : 10,8 % des jeunes de 17 ans recensés lors de la journée défense et citoyenneté sont en grande difficulté de lecture. Ce chiffre est encore supérieur dans trois de nos départements. Ce n’est pas acceptable et je voudrais que chacun d’entre nous soit intimement persuadé du fait que nous pouvons réduire ce chiffre à un minimum incompressible de 3 à 4 %. De même, nous devons améliorer nos résultats en mathématiques et en sciences comme en témoignent les enquêtes internationales. C’est possible !  

Pour changer cet état de fait, nous devons faire évoluer nos regards et nos pratiques. Je sais que les enseignants déploient leurs compétences et leur énergie pour que leurs élèves réussissent. Je souhaite soutenir les initiatives et les dispositifs qui permettront à chacun d’entre eux, en toute circonstance, de se sentir soutenu, accompagné, formé, pour faire face à tout type de difficulté dès son apparition, afin de voir tous ses élèves progresser.

La formation est un élément incontournable de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes et des adultes. Elle permet de lutter contre le chômage et d’accompagner le développement des entreprises et de l’économie locale, impactées par des tensions sur certains métiers ou devant en inventer de nouveaux pour répondre aux évolutions sociétales.

Le projet académique correspond aux attentes des acteurs qui ont participé à la consultation : des élèves, des enseignants, des parents, des élus, des partenaires institutionnels ou économiques, des personnels de l’académie et des directions départementales des services de l’éducation nationale. Ils sont prêts à tenter des expériences, à partager, à généraliser des actions en vue d’améliorer les acquisitions et les parcours de tous les élèves.

Ce projet vise à guider en permanence notre action afin que chacun puisse savoir où nous en sommes dans la poursuite de nos objectifs.

AXES, PRIORITES et GROUPES DE TRAVAIL

A partir de l’analyse des 380 propositions, nous avons réparti le travail de l’académie en quatre axes qui forment l’acronyme AGIL, car notre projet se veut évolutif :

Apprendre et Réussir concerne le travail des élèves en classe et des adultes en formation. Chaque enfant, chaque adolescent, chaque adulte qui revient en formation est en droit de recevoir un enseignement qui lui permettra de progresser, de continuer à se construire et de s’insérer ensuite dans la société du XXI ème siècle.

Tous nos efforts doivent donc s’attacher à garantir l’acquisition du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, à tous les élèves.

Garantir le Bien-être répond à ce qui est apparu comme la première préoccupation des participants à la consultation, nous lui avons consacré un axe à part entière, en espérant que cette ambition devienne moins utile par la suite, lorsque le bien-être aura été intégré à toutes nos pratiques.

Investir son avenir s’attache à l’ouverture des élèves vers le monde et à leur parcours tout au long de leur scolarité puis de leurs formations continues.

Libérer les énergies vise à construire les éléments qui permettront aux acteurs de l’éducation nationale et à leurs partenaires de favoriser la réussite des trois premiers axes.  Nous l’avons nommé « libérer les initiatives et les énergies » car il nous a semblé essentiel de donner à chacun la liberté d’agir au plus près du terrain et des besoins des élèves.

Chaque axe comprend trois priorités, si bien que le projet dans son ensemble consiste en 12 priorités pour l’avenir. Chaque priorité est ensuite déclinée en objectifs.

Nous sommes en train de constituer des groupes de travail qui veilleront à mettre en œuvre les objectifs et qui proposeront régulièrement un suivi de leur atteinte.  Ces groupes de travail seront constitués de volontaires issus de tout le territoire, qu’ils soient élèves, personnels de l’éducation nationale, parents, élus ou partenaires. Ce seront ces groupes qui examineront comment mettre en œuvre les propositions de la consultation qui les concernent.

Vous êtes invités à vous manifester si vous souhaitez participer à l’un ou l’autre de ces groupes de travail en envoyant un mail à academie-apprenante@ac-dijon.fr.

Chaque année, le comité de pilotage de chaque axe examinera l’avancée des travaux et proposera une feuille de route actualisée, c’est ainsi que nous serons agiles et que vous pourrez suivre l’évolution de nos démarches sur chacun des sujets clés.

Cette agilité explique aussi la forme que revêt la présentation du projet académique : un site, en évolution constante et accessible à tous, plutôt qu’une plaquette.

Comme vous pouvez le constater, le souci de transparence fait partie de notre philosophie, mais je souhaite également et surtout que chacun puisse s’inspirer de ce qui se fait et contribuer à son amélioration : c’est cela l’académie apprenante, un collectif où l’on ne repart pas de zéro lorsqu’on souhaite développer une idée ou une pratique. On peut savoir ce qui s’est fait ailleurs, en avoir une description et avoir accès aux acteurs concernés. C’est aussi une ouverture facilitée aux travaux de recherche, afin de s’inspirer des progrès scientifiques pour construire ses pratiques.

Cette académie apprenante s’appuiera sur des lieux de partage où les différents acteurs pourront se rencontrer, tester, échanger et mutualiser. Parmi ces lieux, les établissements labellisés « Ecole laboratoire », mais aussi les ateliers Canopé et les Ecoles du socle. La formation tout au long de la vie sera aussi partie prenante à travers les ingénieries et dispositifs qu’elle développe. Par ailleurs, les acteurs pourront s’informer et partager via une plateforme numérique, permettant l’accès à des articles de recherche et à des descriptions de pratiques pédagogiques mises en œuvre dans l’académie et ailleurs.

C’est ainsi que nous construisons peu à peu cette école de la confiance, dans laquelle chacun se sentira épaulé pour déployer ses idées et créer les bons dispositifs pour que chaque élève progresse et s’élance vers un avenir épanouissant.


Nathalie ALBERT-MORETTI
Rectrice de l’académie de Dijon
Chancelière des universités